Si la crainte de s'exprimer face aux autres est courante,
elle peut être contrôlée par l'entraînement et une série d'exercices.
La parole est liée au verbe, c'est-à-dire au sacré. Le son,
comme la parole s’élèvent de notre
intimité ; de notre « moi profond ». Parler en public est une
épreuve car notre intimité est dévoilée. C’est un acte impudique, et les
acteurs, dont c’est le métier, ont un caractère impudique, voir
exhibitionniste. Mais, si l’acteur ne
recouvrait pas sa voix, de mots d’auteur, il serait souvent maladroit. Nous en
découvrons la preuve lors de quelques interviews, où leurs lacunes apparaissent,
dans cette épreuve. La voix témoigne ou
trahit nos émotions les plus secrètes. Celle de la peur qui l’étouffe, de la
colère qui la transcende, de l’amour qui l’adoucit. Par cette observation, on
peut admettre qu’il n’est pas aisé de s’exprimer en public. Même en évoquant des sujets froids et
professionnels, c’est toujours notre voix, notre énergie vitale qui doit
s’exprimer devant les autres.
Pour couronner le tout, notre corps en public, se sent
observé, épié. Il est la cible de dizaine ou centaine de regards convergents
vers nous, et pas toujours bienveillants (du moins se l'imagine -t-on). L'effet
miroir de ces regards nous renvoie un corps lourd, maladroit et emprunté qui
augmente notre gêne et trahit notre comportement. La nudité de notre corps,
mains et visages veulent s'effacer (encore la pudeur). Les mains cherchent les
poches, avec fébrilité (les hommes surtout) et le visage fixe ostensiblement le
sol, comme l'autruche qui s'imagine, ainsi, qu'elle n'est point vue.
La peur de parler en public fait écho à un comportement impudique. C'est
toute notre relation au corps qui est mise en question. Il n'y a que lors desmoments festifs, l'alcool aidant, que l'on se lance dans la mêlée.